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En Province
6 février 2015

Le problème des syndicats

Il faut bien avouer que les syndicats sont des monstres d'un autre temps, et pour preuve, ils n'arrivent pas à se mettre à la page du 21ème siècle. «La CGT, c’est comme la première chaîne de télé, celle qu’on regarde quelle que soit la qualité des programmes?!?» La phrase est de Marc Blondel, le prédécesseur de Jean-Claude Mailly à la tête de FO, décédé l’an dernier. Elle date de 2006, mais elle est toujours d’actualité. Alors que Force ouvrière va tenir cette semaine son 23e Congrès à Tours, c’est sa sœur ennemie – FO est né de sa scission en 1948 – qui va encore une fois concentrer l’attention. Mais cette fois-ci, ce ne sera pas pour lui déplaire?: la CGT traverse une grave crise et son Comité confédéral national se réunit demain et après-demain pour désigner Philippe Martinez comme successeur de Thierry Lepaon. Nulle succession, en revanche, à Force ouvrière : après avoir fêté ses dix ans de numéro un l’an dernier, Jean-Claude Mailly, qui aura 62 ans en mars, rempile pour un quatrième et dernier mandat. Seul Pascal Pavageau, qui vient de l’équipement, s’est déjà déclaré comme candidat à sa succession, mais le sujet n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour. L’époque – c’était en 2004 – où le dauphin de Marc Blondel avait risqué d’affronter un challenger est révolue. Le 23e Congrès sera celui du rassemblement. Les fausses notes seront minoritaires. Son mentor clivait, Jean-Claude Mailly rassemble désormais. Il faut dire qu’il soigne les équilibres?: le colloque sur le SMIC avec le ministre du Travail, François Rebsamen, pour satisfaire les «?réformistes?», le 24 novembre, a ainsi été suivi d’un rassemblement contre «?la politique de rigueur?» du gouvernement pour son extrême gauche, le 16 décembre. Et il a désormais la perspective d’une grève interprofessionnelle pour le printemps. Sur ce plan, Jean-Claude Mailly, qui a profité de la faiblesse de la CGT l’an dernier pour lui imposer son tempo de mobilisation, va tenter de réitérer l’opération. «?L’idéal?», selon lui, serait «?une action commune la plus large possible?» avec d’autres centrales. C’est évidemment vers Montreuil que se tourne son regard. En interne, il est loin le temps où les fédérations réformistes protestaient contre le rejet par FO de la réforme des retraites de 2003. Nulle contestation n’a filtré quand la centrale a tiré à vue sur le pacte de responsabilité. François Hollande y est pour beaucoup?: il allie contre lui les aubrystes, les trotskistes, les anarcho-syndicalistes et les UMP de Force ouvrière. Autre ferment d’unité: la troisième force syndicale française s’est bien sortie de la pesée de mars 2013 dans le privé. Avec 15,9?%, elle est à 10 points de la CGT et de la CFDT, mais en progrès. Et elle a été confortée par le scrutin du 4 décembre dans la fonction publique à 18,6?%. Pour autant, FO, qui n’a pas une culture de l’adhésion syndicale, est confronté à un déficit d’implantation dans le privé auquel elle va devoir s’attaquer au risque, sinon, de s’affaiblir. Reste que la crise de la CGT a ouvert un boulevard à Jean-Claude Mailly pour démontrer qu’il fallait compter avec FO, qui a signé certains accords – formation, ­assurance-chômage – et pas d’autres, en particulier le pacte de responsabilité.

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