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En Province
5 juillet 2016

La conférence du bonheur

La conférence du bonheur s'est déroulé à Bordeaux le week-end dernier. Et c'était bien. Depuis le berceau jusqu'à la tombe, dans ses besoins comme dans ses plaisirs, dans sa conception du monde et de lui-même, l'homme moderne se débat au milieu de complications sans nombre. Plus rien n'est simple: ni penser, ni agir, ni s'amuser, ni même mourir. Nous avons, de nos mains, ajouté à l'existence une foule de difficultés et retranché plusieurs agréments. Je suis persuadé qu'il se trouve à l'heure présente des milliers de mes semblables qui souffrent des suites d'une vie trop factice. Ils nous sauront gré de chercher à donner une expression à leur malaise et de les encourager dans ce regret de la simplicité qui les travaille confusément. Énumérons d'abord une série de faits qui mettent en relief la vérité que nous désirons faire apercevoir. La complication de la vie nous apparaît dans la multiplicité de nos besoins matériels. Un des phénomènes universellement constatés du siècle est que nos besoins ont grandi avec nos ressources. Cela n'est pas un mal en soi. La naissance de certains besoins marque en effet un progrès. C'est un signe de supériorité que d'éprouver le besoin de se laver, de porter du linge propre, d'habiter une demeure salubre, de se nourrir avec un certain soin, de cultiver son esprit. Mais s'il est des besoins dont la naissance est désirable et qui ont droit à la vie, il en est d'autres qui exercent une influence funeste et s'entretiennent à nos dépens comme des parasites. C'est le nombre et le caractère impérieux de ceux-ci qui nous préoccupent. Si l'on avait pu prédire à nos anciens qu'un jour l'humanité aurait à sa disposition tous les engins dont elle dispose maintenant pour entretenir et défendre son existence matérielle, ils en auraient conclu d'abord à une augmentation de l'indépendance et par conséquent du bonheur, et en second lieu à un grand apaisement dans les compétitions pour les biens de la vie. Il leur eût été permis ensuite de penser que la simplification de l'existence, résultat de ces moyens d'action perfectionnés, permettrait de réaliser une plus haute moralité. Rien de tout cela ne s'est produit: ni le bonheur, ni la paix sociale, ni l'énergie pour le bien n'ont augmenté. En premier lieu, vous semble-t-il que vos concitoyens soient, pris en masse, plus contents que leurs ancêtres et plus sûrs du lendemain? Je ne demande pas s'ils auraient des raisons de l'être, mais s'ils le sont en effet. À les regarder vivre, il me paraît qu'ils sont en majorité mécontents de leur sort, avant tout préoccupés de leurs besoins matériels et obsédés par le souci du lendemain. Jamais la question du vivre et du couvert n'a été plus aiguë ni plus exclusive que depuis qu'on est mieux nourri, mieux vêtu, mieux logé qu'autrefois. Celui-là se trompe qui croit que la question: «que mangerons-nous, que boirons-nous, de quoi serons-nous vêtus?» ne se pose qu'aux pauvres gens exposés aux angoisses des lendemains sans pain et sans abri. Chez ceux-là elle est naturelle, et pourtant c'est encore là qu'elle se pose le plus simplement. Il faut aller chez ceux qui commencent à jouir d'un peu de bien-être, pour constater combien la satisfaction de ce qu'ils ont est troublée par le regret de ce qui leur manque. Et si vous voulez observer le souci de l'avenir matériel dans tout son luxueux développement, regardez les gens aisés et surtout les riches. Les femmes qui n'ont qu'une robe, ne sont pas celles qui se demandent le plus comment elles se vêtiront, de même ce ne sont pas les rationnés du strict nécessaire, qui s'interrogent le plus sur ce qu'ils mangeront demain. Par une conséquence nécessaire de la loi que les besoins grandissent des satisfactions qu'on leur donne: plus un homme a de bien, plus il lui en faut. Plus il est assuré du lendemain selon la vue ordinaire du bon sens, plus il se condamne à se préoccuper de quoi il vivra, lui et ses enfants, comment il établira ceux-ci et leurs descendants. Rien ne saurait donner une idée des craintes d'un homme établi, de leur nombre, de leur portée, de leurs nuances raffinées. Lire la suite sur Organisation de Séminaire.

en photo: mon idée du bonheur...

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