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En Province
1 février 2016

Les tombes du Père-Lachaise

La semaine dernière, j'ai effectué une petite visite au Père-Lachaise, un lieu où j'aime bien me promener chaque fois que j'en ai la possibilité. Ce lieu de mort m'a toujours fasciné par la diversité des tombes et les folies tentaculaires des arbres. Et aussi, par les étonnantes découvertes qu'on peut y faire dans chaque recoin. Les deux dernières que j'ai faites, je les ai trouvées sur Voyage insolite : la première est la tombe la plus érotique du cimetière, et la seconde la plus scandaleuse. La plus érotique est assez étonnante, puisque de son vivant, l'homme qui gît dedans n’avait rien d'un sex-symbol. Victor Noir était plutôt rondouillard malgré ses vingt-deux ans, ni beau ni laid. Et pourtant, son attribut viril est le plus bichonné du Père-Lachaise, usé par les mains des femmes qui ne manquent jamais de le caresser en passant ! Pour la petite histoire, Victor, de son vrai nom Yvan Salmon, était un jeune journaliste qui se rendit un froid matin de janvier 1870 chez le prince Pierre Bonaparte, afin d’organiser un duel pour un confrère qui estimait avoir été diffamé par le prince. L’ardent cousin de l’Empereur le tua sur-le-champ d’un coup de pistolet, provoquant la fureur des opposants au régime impérial. L’humble rédacteur fut ainsi promu malgré lui héros républicain, victime de l’Empire. À sa gloire, le sculpteur communard Jules Dalou érigea, quelques années plus tard, un gisant grandeur nature immortalisant l’instant de son trépas. On peut ainsi le découvrir, la bouche béante, la redingote ouverte, le chapeau à terre. Et, curieusement, on peut aussi voir un renflement osé qui témoigne, à travers le pantalon, d’une virilité prometteuse. Depuis plus d’un siècle, on a oublié le fait divers mais la patine du bronze, à l’endroit précis de son anatomie que ma mère m'a interdit de nommer ici, atteste de l’attirance qu’exerce le jeune scribouilleur auprès des dames. La tombe la plus scandaleuse est évidemment celle d'Oscar Wilde, non seulement pour ses moeurs mais aussi pour sa tombe. La société victorienne ne badinait pas avec les bonnes mœurs, et la liaison d'Oscar Wilde avec un lord anglais lui valut un procès et deux ans de prison. Exilé en France, il y mourut en 1900 dans un hôtel parisien miteux en prononçant ses derniers mots: « Ou c’est le papier peint qui disparaît ou c’est moi... » D’abord inhumés à Bagneux, ses restes furent transférés au Père-Lachaise en 1909. Et sa mort, comme sa vie, continua à faire scandale. L'artiste Sir Jacob Epstein sculpta en effet un étrange sphinx sur sa tombe, dont le visage ressemblait à celui de l’écrivain. Avec, audace suprême, un superbe sexe masculin qui valut une interdiction de séjour de six ans à l’œuvre, décrétée par un préfet bégueule. En 1961, le viril appendice disparut. La légende prétendait que le conservateur l'utilisait comme presse-papiers ! Plus sérieusement, il a dû être emprunté par un collectionneur ou un militant un peu pudibond. Quoi qu’il en soit, malgré son émasculation, le sphinx a renoué avec le succès car, chaque jour, des traces de rouge à lèvres s'ajoutent sur la pierre comme autant de preuves de désir « nécrolibertin ». La prochaine fois que vous visiterez le Père-Lachaise, ne manquez pas d'aller jeter un oeil sur ces deux tombes. Et si vous aimez les découvertes insolites, je vous recommande d'aller faire un tour sur Voyage insolite. Certains voyages sont un peu trop insolites à mon goût, mais tous les goûts sont dans la nature, n'est-ce pas ?

 

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